Dans cet article, Goran Maršalek, cinéaste, producteur et monteur, nous parle de sa passion pour les films documentaires – et pour EDIUS. En 2021, le dimanche de Pâques, la chaîne nationale croate HTV a diffusé en prime-time Storm of the Soul, un documentaire réalisé par Goran Maršalek, qui raconte ici, entre autres, la façon dont il a travaillé sur ce film.

Par Goran Maršalek (www.media53.hr)

La stabilité : voilà la caractéristique la plus importante qu’un professionnel est en droit d’attendre de l’outil qu’il utilise pour monter un projet. Mon histoire dans le montage commence il y a 15 ans, après près de 10 ans dans l’enregistrement et le montage d’émissions de radio. Je connaissais donc déjà l’importance pour la production d’un logiciel stable et fiable. Même si je n’avais pas vraiment d’expérience dans le montage vidéo et la postproduction à l’époque, seulement quelques connaissances théoriques et l’envie d’apprendre, je savais déjà qu’il me faudrait un logiciel stable si je voulais éviter de perdre du temps à récupérer des projets après un plantage.

Je n’avais jamais entendu parler d’EDIUS

C’est avec ce souhait en tête que j’ai découvert EDIUS. Si je me souviens bien, il s’agissait de la version 4. Un ami qui travaillait pour une chaîne de télé locale m’avait passé le disque d’installation. Je n’avais jamais entendu parler d’EDIUS, mais, quand je l’ai ouvert pour la toute première fois, je l’ai trouvé très facile, et son utilisation était vraiment intuitive. Depuis, j’ai eu l’occasion d’essayer tous les systèmes de montage (NLE) disponibles sur le marché mais, comme vous pouvez le deviner, je suis toujours revenu à EDIUS. Il y a beaucoup de raisons qui expliquent ce choix : son caractère intuitif, sa capacité à travailler directement avec toutes sortes de codecs et de formats, son approche professionnelle, le large choix d’options de prévisualisation permettant un montage plus rapide et une lecture en temps réel du projet… Dresser la liste complète de mes fonctionnalités préférées prendrait des heures. Mais tout cela ne serait rien sans l’élément le plus important… La stabilité !

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Mon activité principale : la production de contenu télévisé

Ma principale tâche est la production et post-production de contenus vidéos, principalement pour la télévision : documentaires de formats variés, clips musicaux, publicités et autres contenus vidéo principalement destinés à être diffusés à la télévision, mais aussi distribués via DVD ou Blu-Ray. J’ai aussi fait quelques vidéos de mariage à une époque, mais depuis sept ou huit ans je me concentre sur mon activité principale : la télévision. En ce qui concerne les films d’entreprise, la marque la plus célèbre avec laquelle j’ai travaillé est Coca-Cola. Avec mon équipe, nous avons tourné et monté plus de 30 reportages et documentaires pour la branche croate et la branche régionale de Coca-Cola, dont l’un des films d’entreprise les plus importants que Coca-Cola ait jamais réalisé en Croatie et dans la région depuis son implantation sur ce marché au début des années 1970. Tous ces films ont été montés avec EDIUS, complété par quelques plugins compatibles. On peut donc dire que, pour moi, EDIUS est l’outil le plus important au quotidien : c’est sa fiabilité qui me permet de gagner ma vie en tant que producteur.

La stabilité et la fiabilité sont aussi importantes l’une que l’autre

Comme on peut s’en douter en voyant la description de mon poste, la stabilité de mon NLE est cruciale puisque je monte de gros projets, comme certaines séries télévisées sur lesquelles je travaille depuis des années. Tous ces projets ont été montés et post-produits avec EDIUS, parfois couplé à des logiciels de retouche photo. Dans mon domaine, la stabilité et la fiabilité sont aussi importantes l’une que l’autre. Si vous avez déjà travaillé sur un projet à long terme, vous verrez ce que je veux dire. Et je pourrais facilement citer de nombreux moments où la stabilité d’EDIUS a été cruciale et m’a épargné bien des problèmes. Je ne fais confiance à aucun autre NLE pour fonctionner de façon aussi fiable, étant donné que la plupart ont planté pour beaucoup moins. Et c’est une des raisons pour lesquelles je continue à travailler avec EDIUS.

Par exemple, avec EDIUS, je n’hésite pas un instant avant de rouvrir un projet auquel je n’ai pas touché depuis des années et que j’avais monté avec une version précédente du logiciel. Il y a quelques mois, un client m’a demandé de récupérer un de ses projets, que j’avais terminé il y a six ans, et de le refaire dans une autre langue, pour un autre client. Il s’agissait d’un projet pédagogique américain intitulé "The Art of Marriage".

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"The Art of Marriage", monté avec EDIUS 6.5 et repris dans EDIUS 8.

Le projet fait environ 5 h, pour 1 Tb de volume. À l’époque, je l’avais monté et finalisé avec EDIUS 6.5 (version 32-bit), avec des tas de graphiques et de titres. Une fois le projet terminé, j’avais déplacé les matériaux au fil des ans, de disque en disque, et ils avaient terminés sur un disque dur externe.

Le test ultime d’EDIUS était encore à venir

Et donc, six ans plus tard, il était temps pour moi de rouvrir ce projet. Et devinez quoi ? Tout a fonctionné à merveille, comme si je l’avais terminé la veille ! En dépit du temps et des déplacements, tous les fichiers se sont ouverts et ont été lus sans problème par EDIUS 8 (version 64-bit), même des séquences imbriquées plutôt complexes. C’est vraiment génial de savoir que je peux faire entièrement confiance à mon système de montage.

Cela dit, le test ultime d’EDIUS était encore à venir. Il est arrivé en 2016, quand j’ai commencé à travailler sur un nouveau projet, Storm of the Soul (BURA DUŠE en croate), un documentaire sur les vétérans de la guerre de Croatie.

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Timeline de Storm of the Soul

J’ai monté l’intégralité du film avec EDIUS 8 WG. Les photographies ont été retouchées dans Affinity Photo et Affinity Designer. La première du documentaire a eu lieu en 2019 au cinéma le plus célèbre de Croatie : le Kino Europa, à Zagreb.

Pour ce projet, j’ai utilisé un nombre incalculable de plugins et d’outils de correction et d’étalonnage des couleurs, j’ai travaillé sur des photographies, et appliqué des effets sonores et des fusions et caches de piste directement dans EDIUS. J’ai beaucoup utilisé le suivi de mouvement, et EDIUS a parfaitement géré cette tâche aussi. C’était vraiment un projet « poids lourd », avec plus de 25 000 clips dans des formats différents, allant de 23,97 à 100 images par seconde, avec des résolutions allant du 640 x 480 au 4k.

Un véritable cauchemar de post-production

Neuf types de caméras différentes avaient été utilisées, et encore plus d’objectifs, dont une caméra broadcast Sony PMW 300, un drone DJI Phantom 2, une caméra manuelle Canon XA 30, et des appareils photo reflex comme la gamme Canon de 5D à 7D, un Canon 750D, un Panasonic Lumix FZ1000, et un GH2.

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Storm of the Soul : un véritable patchwork sur la timeline

Différentes parties du film avaient été tournées avec différentes caméras : un véritable cauchemar pour la post-production ! Et pourtant, nous avons gardé le sourire, nous étions toujours de bonne humeur. Nous avions un objectif, et nous étions en chemin pour l’atteindre.

Nous n’avons pas eu besoin d’effectuer beaucoup de transcodage ou de pré-rendu, principalement parce que les fichiers originaux étaient lourdement traités dès l’import, par exemple avec des filtres comme Neat Video ou les plugins de RED Giant, parfois combinés les uns aux autres. Il y avait aussi beaucoup de séquences imbriquées et interconnectées. Toutes les combinaisons possibles étaient présentes, mélangées les unes aux autres… Quand on travaille avec des ressources financières et un équipement limités, on met à contribution tout ce qui peut servir.

Ce que tout le monde conseille de ne PAS faire

Étant donnée la taille grandissante de ce projet, et pour atteindre la vitesse de montage que je désirais, j’ai été obligé à un moment de la post-production de transférer tout le matériel vidéo stocké sur un disque HDD et plusieurs SSD plus âgés vers plusieurs SSD neufs. Au même moment, en raison de l’âge des composants, j’ai dû remplacer plusieurs éléments centraux de mon ordinateur de travail, comme la carte-mère, le processeur, la mémoire et le système de ventilation. Devoir faire tout cela au milieu d’un projet est exactement ce que tout le monde conseille de ne PAS faire. En général, ce genre de changement se serait transformé en désastre. Il y a toujours quelque chose qui dérape, qui se perd, qui se casse. Et pourtant… Après avoir échangé et reconnecté tous les composants, EDIUS n’a pas eu le moindre problème ! Tout a fonctionné à la perfection, et surtout beaucoup plus rapidement que je ne l’avais espéré. Après une pause rapide mais inévitable pour mettre à jour tous ces nouveaux composants, j’ai donc pu m’y remettre et continuer à monter mon projet, encore plus rapidement et avec plus de plaisir qu’auparavant.

Comme j’étais à la fois le réalisateur et le monteur de ce documentaire, pouvoir gérer mes notes grâce aux marqueurs de séquence a été d’une aide précieuse pour mon rythme de travail. J’aurais juste aimé qu’EDIUS 8 ait déjà les marqueurs colorés qui sont disponibles dans les nouvelles versions du logiciel.

Montes et lis, tout simplement

Une fois le montage terminé, j’ai pu en arriver avec enthousiasme à la conclusion suivante : EDIUS avait fait son travail À LA PERFECTION. Pas de plantages, pas de perte de projets ni de fichiers. Et, par conséquent, pas de panique, pas la moindre inquiétude. Comme quelqu’un me l’avait dit : monte et lis, tout simplement. Le calcul en tâche de fond, désormais disponible sur EDIUS X, aurait pu me rendre la tâche encore plus facile et accélérer l’intégralité du processus de post-production, mais je n’ai pas à me plaindre. Tout s’est très bien passé, de la manière la plus fluide possible. Bien sûr, il a fallu effectuer le rendu (ctrl + G) de certains fichiers sur lesquels les filtres Neat ou ceux de Red Giant avaient été appliqués, mais ce n’était pas grand-chose. Et même pour faire ça, EDIUS n’a pas pris longtemps ! Quand j’étais pressé, il me suffisait de réduire la qualité de la prévisualisation pour la lecture en temps réel au lieu d’effectuer le rendu, et le tour était joué.

Tout cela avait pu être fait rien qu’avec EDIUS

Le documentaire a été co-financé par le ministère croate des Anciens combattants. Le jury du ministère, constitué de six professionnels du film issus de différentes agences et entreprises du cinéma, a conclu que, parmi les cinquante documentaires sur la guerre de Croatie tournés ces vingt dernières années, le nôtre était clairement le meilleur. Ils ont ajouté que le film avait l’air d’un film à gros budget, bien plus que ce qui avait réellement été dépensé. Nous avons été ravis et surpris à la fois de cette réaction, parce que nous avions en tête tous les compromis que nous avions dû faire, des compromis inévitables lorsque l’on travaille avec des ressources financières très limitées.

Après la première, des professionnels du milieu m’ont présenté leurs félicitations pour mon excellent usage d’After Effects… C’est pourtant EDIUS qu’il faudrait féliciter, parce que je n’ai pas utilisé After Effects du tout. J’ai dû leur expliquer que je n’avais utilisé que trois logiciels : Grass Valley EDIUS (8WG) pour le montage, les corrections de couleurs et l’export, Affinity Photo pour les photographies, et Pro Tools pour l’audio, et que je n’avais absolument aucun logiciel Adobe sur mon ordinateur. Ils en ont été très surpris, parce qu’ils ne se doutaient pas que tout cela avait pu être fait rien qu’avec EDIUS et ses plugins.

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Version coréenne de Storm of the Soul

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Version anglaise de Storm of the Soul

Quelques mois plus tard, nous avons reçu des demandes de traduction de notre documentaire vers plusieurs langues, dont le coréen, le tchèque, l’ukrainien, l’anglais, l’italien, le bulgare et bien d’autres.

Apprécier le travail en cours

Certaines personnes disent que le choix du programme n’est pas très important tant qu’il permet de travailler correctement. Et elles n’ont pas tout à fait tort : l’essentiel est de réussir à faire son travail. Cela dit, je pense que j’irais un peu plus loin : il y a quelque chose d’encore plus important que de simplement réussir à faire son travail. Et cette chose, c’est de pouvoir apprécier le travail en cours. À mes yeux, c’est précisément ce que fournit EDIUS : la capacité d’apprécier mon travail, pendant que je travaille.

Et ce n’est pas vrai que pour moi ! Mon fils de 17 ans utilise EDIUS 7 depuis des années pour monter ses vidéos YouTube, et ma femme, qui a travaillé jusqu’en 2016 en tant que journaliste pour la télévision, utilisait souvent EDIUS pour monter ses reportages. Elle travaille désormais dans une école primaire, où elle enseigne le croate. Parmi les activités qu’elle propose à ses élèves, elle s’occupe de l’éducation aux médias, en apprenant aux enfants à monter des projets pour l’école avec EDIUS !

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Goran Maršalek avec sa femme Daniela Maršalek à la première du documentaire à Zagreb

Sur le long terme, tout utilisateur sérieux d’EDIUS aura forcément envie d’améliorations au niveau de la partie créative, comme des mises à jour de la section audio par exemple, ou des effets ou transitions vidéo au look plus moderne. C’était aussi mon cas. Et, au bout d’un certain temps, Grass Valley m’a donné précisément ce que je voulais. Avec EDIUS X, Grass Valley a inclus de nouvelles « Transitions fluides », des outils audios avancés et (la meilleure de ces améliorations à mes yeux) des options de rendu et d’export en arrière-plan.

En fait, l’ancien manque d’effets de transition modernes et professionnels et les options audio limitées étaient la seule critique que j’avais à faire envers EDIUS, mais ce n’est plus un problème avec EDIUS X.
Cependant, ce qui fait vraiment la différence d’EDIUS par rapport à d’autres NLE, c’est ce dont j’ai parlé plus tôt. Toutes les options du monde ne valent rien si je ne peux pas faire confiance à mon logiciel pour faire ce que je lui demande de manière efficace et rapide dans toutes les circonstances. La pratique et l’expérience me l’ont bien prouvé.

Cet amour et cette confiance que je porte à EDIUS se sont montrés depuis si longtemps, et dans tellement de situations différentes, que ma femme a joliment conclu qu’EDIUS est plus qu’un simple outil pour nous. De bien des façons, EDIUS est devenu un membre de notre famille.

Goran Maršalek

MEDIA 53, www.media53.hr

Le film sous-titré en anglais est disponible gratuitement à l’adresse suivante : https://en.filmburaduse.com/

Goran nous a précisé qu’il travaille en ce moment sur deux nouveaux documentaires. Voilà ce qu’il écrit :

Je suis en train de monter et de post-produire les deux films avec EDIUS X ; ils en sont encore tous les deux à l’étape de production, et je devrais passer à la post-production en avril.
Le premier porte sur les volontaires étrangers qui ont combattu au sein de l’armée croate durant la guerre de Croatie en 1991. Ce documentaire est très attendu en Croatie car, 30 ans après la fin de la guerre, aucun film n’a encore été réalisé à ce sujet. Goran a pu nous envoyer un lien vers la bande-annonce de ce documentaire, intitulé 1991 – Who’s your neighbor? : https://youtu.be/to2OjxdRrVc

Le second documentaire, Delusions about Jesus, se penche sur un sujet religieux : les perceptions modernes, souvent erronées, de Jésus.
La bande-annonce en anglais peut être visionnée à l’adresse suivante : https://youtu.be/04zcfXGYjEY